Une nouvelle étude indique que les méthodes d’entraînement utilisant des aversifs compromettent le bien-être des chiens
Par Lucie Malouin, B.Sc, CTC, PCBC-A, MCP
Publié dans le journal l’Écho du Lac, édition mars 2021, volume 15 numéro 3
Depuis les années 2000, nous avons vu l’apparition d’émissions de télévision populaires présentant différentes philosophies pour régler les problèmes de comportement. Il y a eu « l’homme qui chuchotait à l’oreille des chiens », avec un modèle d’interprétation désuet basé sur la dominance et la hiérarchie. On pouvait y voir de la confrontation, de la coercition et des techniques parfois dangereuses. D’ailleurs, les émissions comportaient des avertissements de ne pas essayer ces méthodes à la maison sans l’aide d’un professionnel.
Ensuite, il y a eu des émissions présentant des méthodes utilisant de la nourriture pour récompenser les bons comportements du chien et un aménagement de l’environnement pour éviter que les problèmes se produisent à la base.
Plus récemment, il y a eu une série d’émissions où l’on pouvait y voir un mélange des deux approches précédentes. La première approche sera décrite comme l’approche traditionnelle, la deuxième sera identifiée comme étant l’approche privilégiant le bien-être animal et la troisième sera décrite comme l’approche équilibrée (Balanced Training). Ces termes sont loin d’être exacts mais ils servent à avoir un langage commun aux fins de ce texte.
Les méthodes et outils aversifs peuvent avoir des effets secondaires physiques et émotionnels qui ne sont pas toujours visibles pour le propriétaire du chien.
Photo d’un chien portant un collier électronique : Unsplash/David Moore
Les recherches scientifiques sur le sujet utilisent souvent des données subjectives. Une toute nouvelle étude1 objective, révisée par des pairs et publiée en décembre 2020, a mesuré des comportements observables et les variations de taux de cortisol salivaire sur un échantillon de 92 chiens.
Ces chiens étaient répartis dans 3 écoles privilégiant le bien-être animal (récompenses, aucun aversif), 2 écoles équilibrées (récompenses et moins de 40% d’aversifs) et 2 écoles traditionnelles (plus de 75% d’aversifs). Les aversifs utilisés étaient : confrontations, corrections, contraintes et manipulations physiques, coup sur le collier du chien, parler fort. Les comportements mesurés étaient : les signes de tension (muscles et queue tendus, léchage des babines, halètements, bâillements, clignements des yeux, etc), les postures basses (dos courbé, tête et queue basses, oreilles vers l’arrière, patte avant soulevée, etc), les postures détendues (posture, queue et oreilles en position neutre, etc) et les signes d’excitation (mouvements rapides, sauts, appels au jeu, etc).
Les résultats montrent que le bien-être des chiens entraînés avec les approches traditionnelle et équilibrée est affecté négativement et significativement pendant et en-dehors des séances d’entraînement, comparé aux chiens entraînés sans aucun aversif. En-dehors des séances d’entraînement, l’impact négatif sur le bien-être était encore plus prononcé chez les chiens de l’approche traditionnelle.
Bien-être animal vs efficacité
Il n’y pas de consensus scientifique quant à l’efficacité des différentes approches. Quelques recherches montrent que les méthodes utilisant les récompenses sont plus efficaces, une pointe à l’inverse, d’autres semblent indiquer qu’il n’y a pas de différences.
Notre façon d’éduquer sera influencée par nos connaissances, croyances et préférences personnelles, notre niveau de confort à appliquer les différentes techniques mais aussi, par les succès obtenus. Sachant que l’utilisation d’aversifs a un impact réel sur le bien-être de notre animal, reste à décider si nous sommes toujours confortables à les utiliser !
Référence :
1. Vieira de Castro, A. C., Fuchs, D., Morello, G. M., Pastur, S., de Sousa, L., & Olsson, I. A. S. (2020). Does training method matter? Evidence for the negative impact of aversive-based methods on companion dog welfare. Plos one, 15(12), eo225023